Musica Formosa

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L'histoire du festival

Affiche de « Voyage d’hiver » 2005

Affiche de « Voyage d’hiver » 2005


Interview de Marc Le Bot, à l’origine, ainsi que sa femme Luo Chin, de la création du festival.

D’où vous est venue cette idée de créer un festival de musique en hiver dans le Cantal ?

 

L’association Musica Formosa a pris forme avec l’apparition de Luo Chin, originaire de Taïwan, dans le Cantal. C’est elle, en tant que pianiste qui en a donné l’impulsion.

Au début, il y a 20 ans, nous organisions de petits concerts entre amis, à Mauriac par exemple.

Un jour, en écoutant le « Voyage d’hiver », de Schubert, sous la neige, est née l’idée du titre du festival. L’association Musica Formosa a été créée en 1996.

Notre envie était de rompre le rythme : il y avait beaucoup d’animations musicales en été mais quasiment rien en hiver. Nous voulions rejeter cette idée reçue d’un département inabordable de décembre à février. Ce lieu réputé improbable pendant la période de froidure devait devenir un rendez-vous des mélomanes, n’importe où dans la neige à la campagne, même dans une ferme au fin fond de la vallée du Brezons. Notre volonté était de faire partager la musique partout, dans tout le département.

Selon nous la musique devait se marier avec les endroits où elle était interprétée. Le Cantal devait s’y prêter. Nous nous sommes rendus compte très vite que c’était « un peu » méconnaitre les problèmes , dont le plus important était le chauffage.

Quel est l’élément moteur de ce festival ?

 

C’est incontestablement Luo Chin : elle a été organisatrice, musicienne et hôtesse des artistes que nous accueillons chez nous. Nous avons bénéficié de son réseau de musiciens à Toulouse et l’école normale de Paris.

Au début elle est aidée par Madeleine Pasquié, médecin du CMC, qui organisait un festival en été, « les nuits musicales de Moissac » dans le Tarn. A l’interprétation instrumentale et vocale, elle associe la musicologie par l’intermédiaire de conférences . Par exemple celle de Narcis Bonet professeur à l'École normale de musique et à la Schola cantorum ou celle de d’Elisabeth Pasquié sur « Richard Wagner ou l’opéra des origines » « Paroles en musique dans l’opéra français ». C’étaient deux innovations qui se tinrent à Aurillac. L’expérience n’a pas connu beaucoup de succès et n’a pas été renouvelée.

Le premier lieu original choisi fut le Lioran comme en témoigne la deuxième affiche d’un train dans une forêt de sapins enneigés, au cœur du Cantal. Ainsi, c’était un peu vivre une aventure en venant écouter de la musique, l’hiver, dans le Cantal. Avec cette affiche nous véhiculions vraiment une image du « Grand Nord » !

 

Quel était l’enjeu essentiel des débuts ?

Chaque année c’était le problème de trouver des « sous ». Il fallait financer la publicité, même si nous comptions beaucoup sur le bouche à oreille.


La 3ème année, il y a eu peu de spectateurs , malgré la présence du quatuor à cordes « Sine Nomine » et de l’ensemble baroque. Il n’y eut que 30 à 50 personnes. J’ai dû vendre ma moto pour combler le déficit. Trouver des sponsors était vraiment primordial. La Ville d’Aurillac nous a aidés, dès le début, assez timidement mais vraiment. Il faut réaliser que sur 6 concerts, le plus gros budget est intégré dans la saison culturelle d’Aurillac. A ceci nous ajoutons quelques sponsors privés et l’enveloppe des entrées dont le prix est vraiment très étudié. Le public est devenu constant. ça a décollé à la 3ème, et surtout 4ème année avec l’idée force de continuer dans tout le département. Mais pour que cela fonctionne, Il fallait un noyau de fidèles sur place. Depuis trois ans nous proposons la vente de cartes d’adhérents pour nous aider au financement.

En règle générale, ce sont les municipalités qui accueillent les concerts, qui se chargent des frais essentiels (location du piano Steinway par exemple) et Musica formosa, l’association, se débrouille pour payer la différence

Luo Chin Le Bot

Luo Chin Le Bot

Marc LE BOT en mars 2009 dans l’église de Saint-Martin-sous-Vigouroux en compagnie de l’attaché culturel de la communauté de communes, partenaire du festival.

Marc LE BOT en mars 2009 dans l’église de Saint-Martin-sous-Vigouroux en compagnie de l’attaché culturel de la communauté de communes, partenaire du festival.

Comment détectez-vous les artistes des concerts ?

 

Le contact se fait de façon parfois surprenante : ce fut le cas pour Zhu Xiao Mei qui interpréta les variations Goldberg et nous avons fait la connaissance du pianiste d’Alexandre Tharaud grâce à cette marraine. Il nous est arrivé souvent aussi de découvrir un artiste simplement en allant au concert ou en l’écoutant sur France Musique comme ce fut le cas pour le trio composé de Guillaume Plays, François Daudet et David Louwerse. Leur timbre nous avait plu et, cerise sur le gâteau, ils parlaient de Taiwan, patrie de Luo Chin. Quelques fois ce sont les musiciens qui envoient leur disque . Ainsi nous nous sommes enthousiasmés pour le groupe IBY6 et son tubiste soliste : une rareté. Nous avons été stupéfaits de découvrir François Frederic Guy dans l’interprétation de l’intégrale des sonates de Beethoven.« Beethoven a la Rock attitude ! » .D’ailleurs la musique de film peut aider : Kubrick, par exemple avec son film « Barry Lyndon ». « Il faut des passeurs pour connaître les chemins qui font découvrir les montagnes ».

Pour le festival nous devons composer un éventail d’instruments, alterner musique de chambre et solistes, instruments et voix. Donner à entendre pour tous les goûts.

Le baryton Marc Mauillon et le pianiste Boris Giltburg ont eu une standing ovation . Il y-a fort à penser qu’ils deviendront célèbres et alors Ils reviendront jouer pour Voyage d’hiver, au même tarif qu’à leurs débuts : ils nous l’ont promis !

Souvent les frais de déplacement sont le plus réduits possibles : les artistes comprennent nos difficultés, nous les hébergeons et pour eux, c’est un peu l’occasion de découvrir une belle région. Les frais les plus importants ont concerné un billet d’avion depuis Tel Aviv pour Boris Giltburg.

En règle générale, nous faisons notre possible pour les fidéliser au festival. Nous entretenons des relations, comme par exemple avec Alexandre Tharaud qui va revenir en mars 2011 ou François Frédéric Guy qui est venu à Aurillac entre un concert à Washington et un autre à Paris salle Pleyel . C’est un enrichissement culturel et un bonheur de côtoyer ces artistes : Billy Eidi, qui a interprété Guy Sacre, est « l’homme le plus gentil que j’ai jamais rencontré ». Et puis c’est aussi une ouverture vers d’autres genres comme cette expérience d’Hakim Bentchouala qui est capable de créer une musique de film en direct.

Le violoncelliste Alain MEUNIER en concert dans une ferme à Izergues (commune de Saint-Martin-sous-Vigouroux) en mars

Le violoncelliste Alain MEUNIER en concert dans une ferme à Izergues (commune de Saint-Martin-sous-Vigouroux) en mars

Quelle est l’originalité du festival ?

Faire le trajet en train. Ce fut le cas au début jusqu’au Lioran. Nous avons ensuite mis en place le concept « B.B.C. » (Bus, Buffet, Concert) . Ce sont de vrais « voyages d’hiver » que nous essayons de renouveler au moins une fois par an au départ d’Aurillac. Ainsi la prise de risque de sur la route enneigée ou la pénibilité d’un long trajet le soir n’est plus une excuse pour ne pas aller au concert. Nous avons assisté à des soirées étonnantes : à Montsalvy une année, le clarinettiste et le pianiste avaient gardé leur manteau dans l’église pour jouer. Il faisait plus froid dans la nef que dehors quand nous sommes sortis. Il neigeait. Nous nous sommes réchauffés en partageant un diner réconfortant dans une très grande convivialité. Et quelle ambiance dans cette ferme de la commune de Saint Martin-sous-Vigouroux : plus de 70 personnes serrées comme des sardines, tous les manteaux empilés sur la rampe de l’escalier, pour le concert du violoncelliste Alain Meunier. A la fin, les bancs ont été prestement dégagés et nous avons partagé en semble les provisions que chacun avait apportées dans une bonne humeur communicative en présence du musicien.

On est loin de l’image de la musique classique. « C’est une musique vivante qu’il faut découvrir sur scène, et être touché par la grâce ». Il ne faut pas dire : « je n’y connais rien » ! Il faut revendiquer le plaisir de la musique de façon la plus simple possible. On peut trouver des passages ennuyeux mais aussi tant de choses remarquables. Selon moi, ça dépend peu du milieu culturel. L’émotion vient on ne sait pourquoi. C’est étonnant d’être touché par la musique. On est surpris par ce qu’on entend. Il faut se faire plaisir en écoutant. Certes, la musique est très dépendante des grosses machines médiatiques, mais en même temps, ce n’est pas réduit qu’à ça ! C’est ce que nous essayons de connaître un peu encore, dans le Cantal, le plus simplement possible.

Que signifie la calligraphie reproduite sur les affiches ?

 

C’est du mandarin, du mandarin traditionnel tel qu'il est écrit et parlé à Tai Wan

Il s’agit de la traduction de « Voyage d’hiver » tout simplement.. 

 

Enseignement

A noter qu'une partie des ressources du festival, depuis sa naissance, provient de l'intégralité des  cours de piano donnés par Luo Chin, cours pour enfants et adultes, débutants ou confirmés.

Contactez-la au 06.87.46.25.43 ou par mail sur notre rubrique "écrivez-nous".

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